Franchir la frontière entre Saint-Martin et Sint Maarten n’a ni le tracé net d’une barrière, ni la solennité des postes de douane : ici, un simple panneau dans les fleurs, une sente de sable, parfois un éclatant flamboyant à l’ombre duquel passe la route. Tout se joue sans cérémonie, entre langue française, patois créole, anglais acidulé et souvenirs de néerlandais oubliés. Pourtant, derrière cette impression de continuité se déploient deux mondes administratifs, deux façons d’organiser la vie insulaire, deux héritages coloniaux entrelacés.
Au fil des années passées à observer le va-et-vient des habitants — enfants montant dans un bus français le matin, adultes travaillant côté hollandais l’après-midi — l’évidence s’impose : comprendre l’île, c’est aussi découvrir les subtilités de ses systèmes administratifs qui cohabitent, souvent sans bruit, parfois avec frictions. Faisons le tour, du nord au sud, de ces différences qui façonnent la vie quotidienne, du passeport à l’hôpital, du permis de construire à la gestion des plages, du marché au contrôle douanier.