Le vent chargé d’embruns qui remonte Frontstreet effleure parfois l’épaule d’un élu pressé ou la porte massive du Government Administration Building, massif blanc cassé, bijou tout en angles sur le boulevard bordé de flamboyants. À Philipsburg, matrice urbaine côté néerlandais, la politique n’est pas tapageuse. Elle transpire dans le détail : affichage électoral sous cellophane au détour d’un snack, conversations en créole mêlé d’anglais sur l’accotement, énoncés posés par la voix neutre d’une fonctionnaire derrière une baie vitrée.
Sint Maarten, territoire du Royaume des Pays-Bas, s’affirme depuis octobre 2010 comme “pays constitutif”, aux côtés d’Aruba, Curaçao et des Pays-Bas eux-mêmes. Cette autonomie fraîche, obtenue lors de la dissolution de l’ancienne formation des Antilles néerlandaises, a redéfini la répartition du pouvoir à Philipsburg, tout en inscrivant l’île dans une double appartenance : souveraineté partagée et gestion insulaire.